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INTERSEXE

SCIENCESPO

CARTO 2015

INTERSEXE

SCIENCESPO

CARTOGRAPHIE 2015

Problématique

Dans l’histoire de nos sociétés, la construction du genre a agi comme catalyseur à la rigidité des rôles sexués. Afin de maintenir ces rôles sociaux, il est indispensable de maintenir une distinction stricte entre les sexes. Jusqu’au XXème siècle, cela revenait à effacer les conditions sexuelles divergentes par le biais de chirurgies forcées, cachées de la personne ainsi que de sa famille. La différentiation de sexe a été rendue systématiquement invisible. Il est donc légitime de questionner le regard binaire en tant que construction scientifique, renforcée par la communauté médicale.

 

De cette construction a découlé un tabou relatif autour des questions d’intersexuation et d’hermaphrodisme. L’intersexuation se compose d’un nombre de DSD : les “différences” ou “désordres” du développement sexuel. Le nombre exact de variations intersexes fait également parti de la controverse. Les personnes avec les DSD, ou variations intersexes, ont fait l’objet de la curiosité médicale. Ces personnes ont dû vivre en silence par rapport à leurs anatomies, longtemps enveloppées en incompréhension et tabou.

 

Ces pratiques sont en train de basculer. Les équipes médicales favorisent de plus en plus les décisions multidisciplinaires pour les cas de DSD, et une transparence avec les parents de l’enfant. Mais des groupes militants disent que si le résultat est quand même une chirurgie inutile, le fait d’être plus informé par plusieurs disciplines médicales ne sert à rien.

 

Notre premier questionnement a porté sur la question d’échelle de l’intersexuation et sur sa zone de couverture. Le sujet traverse de nombreux domaines de par sa vastitude, nous avons donc cherché à encadrer le projet. Sur le plan géographique, nous avons décidé d’explorer l’archipel juridique, afin d’évaluer les différents traitements législatifs de la question. De même, compte tenu de la nécessité de rencontrer une multitude d’acteurs de la question dans le cadre de nos entretiens, nous avons donc décidé de nous focaliser sur la France, territoire regroupant une diversité d’acteurs satisfaisante. Nous avons par ailleurs réduit notre étude aux champs associatif, médical et juridique.

 

Ces expertises vont nous offrir différentes approches du sujet afin de construire le territoire de la controverse et de révéler d’éventuels désaccords entre nos grands domaines, et au sein même de ces groupes d’acteurs. Nous avons pu constater depuis quelques années un développement des revendications de groupes de personnes intersexuées. Par ailleurs, plusieurs pays ont récemment intégré un troisième sexe dans leur Etat Civil, mais à quel but ? Parfois cette décision est reliée aux DSD mais parfois le troisième sexe est basé sur les notions idéntitaires. Des sujets tabous sont aujourd’hui discutés et posent de nouvelles questions à la société, ainsi qu’un assouplissement des barrières hommes-femmes. Certains acteurs dans la communauté médicale ont commencé d’éviter ainsi de plus en plus les opérations non motivées par des raisons médicales. Ces basculements nous amènent donc à nous poser plusieurs questions autour de l’intersexuation.

 

Du point de vue de l’éthique médicale, quels soins devraient être conseillés à une personne en situation de DSD?

 

Faut-il éviter les interventions chirurgicales dans les cas où la DSD ne menace pas la santé du patient?

 

Quand la “normalisation” esthétique du corps doit-elle être conseillée pour éviter de potentielles répercussions psychologiques liées à des organes génitaux atypiques ?

 

Nous avons pu constater qu’il existe plusieurs sujets voisin à l’intersexuation. Par exemple, il y a beaucoup de groupes LGBT qui rajoute un “I” à leur acronyme, mais ce n’est pas toujours clair si des revendications, des actions ou des projets de sensibilisation suivent l’addition de la lettre. Par ailleurs, les personnes intersexuées  ne s’identifient pas forcémment avec la communauté LGBT. Leur condition n’a pas forcément un composant idéntitaire, contrairement aux personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles ou transgenres. D’où vient le “I” en LGBTI ? Qu’est-ce qu’ils partagent ces deux groupes ?

 

 

Une autre notion important à considérer dans notre questionnement est l’intégrité corporelle comme droit de l’Homme. Dans quel mesure ont-ils les médecins ou les parents le droit de faire les choix irréversibles pour un enfant non consentant ? Les opérations sur les organes génitaux nous orientent vers les débats concernant la circoncision et l’excision dans des nombreuses sociétés.

 

 

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